Suis-je intolérant au gluten?

Il y a quelques années, le mot gluten était sur toutes les lèvres. On a vu dans les années 2010 le marché du SANS GLUTEN exploser. Encore aujourd’hui, le régime sans gluten demeure l’un des plus tendance.

 

Mais a-t-on vraiment besoin d’éliminer le gluten de notre alimentation?

La plupart du temps, non. Mais cela pourrait être nécessaire pour certaines personnes. D’abord, il faut savoir que le terme intolérance au gluten est de moins en moins utilisé par la communauté médicale et scientifique, car il s’agit d’un terme non spécifique. Il est vrai que le gluten est nuisible pour certaines personnes, mais la croyance populaire surestime largement ce nombre. On l’a énormément pointé du doigt, le tenant pour responsable de tous nos maux, alors que les données probantes démontrent que plus de 90% de la population tolère cette protéine (présente dans le blé, le seigle et l’orge) sans aucun problème. Il n’est donc pas pertinent de le retirer de notre alimentation, à moins de souffrir de certaines conditions bien précises.

 

Les maladies auto-immunes reliées à l’ingestion de gluten

La diète sans gluten est conseillée pour les patients qui souffrent d’une maladie auto-immune reliée à l’ingestion de gluten. Soit la maladie cœliaque, qui touche 1% de la population, et la dermatite herpétiforme, qui touche une personne sur 10 000. Dans ces deux maladies, le système immunitaire de la personne réagit à la consommation de gluten, en produisant des anticorps qui s’attaquent aux propres tissus du corps. Dans le cas de la maladie cœliaque, la réaction a lieu au niveau de l’intestin grêle et abîme la paroi de ce dernier. Il en résulte une incapacité à absorber normalement les vitamines et les minéraux et plusieurs conséquences pour le patient : symptômes digestifs, fatigue, maux de tête, anémie, problème osseux et même des cancers intestinaux, si la maladie n’est pas traitée. Quant à la dermatite herpétiforme, la réaction immunitaire est semblable, mais les symptômes apparaîtront sur la peau, sous forme de vésicules et de papules très douloureuses pour les patients. Dans le cas de ces deux maladies, le patient ne doit pas consommer plus de 10 mg de gluten par jour, soit l’équivalent d’une toute petite miette de pain, sans quoi la maladie demeurera active.

 

La sensibilité au gluten (ou au blé)

Une petite proportion de la population (1 à 6%) serait sensible au gluten. Les nouvelles études sur le sujet penchent même du côté d’une autre molécule présente dans le blé, plutôt que le gluten. La molécule responsable (qui doit être définie) aurait la capacité de déclencher des symptômes essentiellement digestifs, mais également de la fatigue, des maux de tête et des douleurs musculaires et articulaires. Heureusement, cette condition ne s’accompagne pas d’une malabsorption sévère comme c’est le cas dans la maladie cœliaque. Les complications sont donc rares. Bien que d’autres études soient nécessaires pour mieux comprendre et diagnostiquer cette condition, la diète sans gluten demeure pour l’instant le traitement recommandé, après avoir exclu la possibilité d’une allergie au blé ou d’une maladie cœliaque.

 

D’autres causes possibles

D’autres facteurs peuvent expliquer les symptômes digestifs que ressentent les gens après la consommation de blé. Cette céréale contient également du fructane, un type de glucide (sucre) mal digéré par notre organisme, qui peut entraîner chez les personnes ayant un intestin irritable des ballonnements, des gaz et de la diarrhée. Le fructane fait partie de la grande catégorie des FODMAP, soit l’ensemble des glucides susceptibles de provoquer quelques désagréments digestifs chez les personnes qui y sont sensibles. Les portions, le rythme prandial, le stress, le manque d’activité physique et d’autres maladies digestives peuvent également être en cause dans les symptômes digestifs. L’essentiel est de consulter votre médecin et votre nutritionniste afin qu’ils vous accompagnent dans la recherche de causes et de solutions.

Si vous soupçonnez le gluten comme responsable de vos maux, il est important de ne pas en cesser la consommation avant d’avoir effectué un dépistage pour la maladie cœliaque, via une prise de sang. En l’absence de gluten, le système immunitaire cesse de réagir. Il y a donc des risques de passer à côté du diagnostic. Également, le gluten se retrouve dans une multitude de produits à valeur nutritive élevée. Son retrait entraîne bien souvent une baisse de variété alimentaire et un risque de carences nutritionnelles.

 

Références

1. Sapone A, Bai JC, Ciacci C, Dolinsek J, Green PH, Hadjivassiliou M et al. Spectrum of gluten-related disorders: consensus on new nomenclature and classification. BMC Medicine. 2012 Feb 7;10(1).

2. Tovoli F, Masi C, Guidetti E, Negrini G, Paterini P, Bolondi L. Clinical and diagnostic aspects of gluten related disorders. World J Clin Cases. 2015 Mar 16;3(3):275-84.

3. Moayyedi P, Andrews CN, MacQueen G, Korownyk C, Marsiglio M, Graff L et al. Canadian Association of Gastroenterology Clinical Practice Guideline for the Management of Irritable Bowel Syndrome (IBS). J Can Assoc Gastroenterol. 2019 Apr;2(1):6-29.